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Quand on est en panne de sujet, il en existe de quasi permanents et à disposition facilement, ce sont les nuages. Avec des changements permanents, ils sont une douce d’inspiration inépuisable pour qui sait les utiliser correctement en photographie. Photographier les nuages n’est pas obligatoirement une chose facile et évidente au niveau technique, car ils ont souvent une luminosité changeante et pas très homogène. 

1-Ayez un appareil photo toujours sur vous

Les nuages sont des éléments de notre quotidien auquel on ne fait pas toujours attention et il faut garder un œil au-dessus de notre tête et pour ça il faut avoir un appareil photo sur vous. Dès que vous allez dehors, regardez le ciel de temps en temps et s’il y a une opportunité, dégainez l’appareil photo et vous avez une belle photo. La photographie de nuage se fera avec n’importe quel appareil photo, du smartphone au reflex en posant par l’hybride, le bridge et le compact. Mais bien souvent, l’usage d’un téléobjectif sera un gros plus (au-delà de 100mm), car il vous permettra d’isoler une partie du ciel, de faire des détails. Si vous n’avez pas ce type d’optique, vous pourrez recadrer après coup si nécessaire. L’usage d’un appareil photo avec un capteur de qualité vous assurera une qualité d’image impeccable avec des couleurs parfaites. Un téléphone sera évidemment un appareil que l’on a tout le temps sur soi, mais il est de qualité moyenne avec un capteur très petit et l’optique ne permet pas de zoomer de façon significative et qualitative, du moins pour le moment, ces appareils bougent très vite techniquement.

2-photographiez les nuages au lever et au coucher du soleil

Vous allez me dire qu’on revient toujours aux mêmes périodes, lever et coucher de soleil, oui, en effet, je suis désolé, mais jusqu’à maintenant, on n’a pas fait grand-chose de meilleur que ces deux périodes dorées et colorées. Si vous avez envie d’avoir des nuages colorés, dorés, rosés, rougeoyants, il n’y a que dans ces moments-là.

Sur la période succédant le lever du soleil, on est susceptible d’avoir de belles teintes, des mises en volume remarquables, nous permettant de jouer avec les cadrages et les plans abstraits. Vous aurez la même chose, juste avant le coucher du soleil, c’est une période équivalente. Vous pourrez également, dans ces moments-là, sortir le téléobjectif pour faire de gros plans et isoler les parties les plus colorées ou aux formes originales. Il y a également des phénomènes intéressants parfois au début de l’heure bleue, 15 à 20 minutes avant le lever ou après le coucher du soleil. Il est intéressant de regarder la météo et garder un œil dehors quand le temps est nuageux, car si jamais le soleil arrive à percer les nuages, même brièvement, on peut parfois avoir en récompense des scènes spectaculaires.

3-N’hésitez pas à sous-exposer les nuages

Les nuages ont bien souvent des parties exposées au soleil et le dessous beaucoup plus sombre, voir noir en cas de cumulonimbus (cellule orageuse) donc on a un fort écart de luminosité entre les parties claires et les parties sombres. Pour éviter d’avoir des parties complètement brûlées dans les zones claires, je vous conseille de sous-exposer vos images d’un Stop au moins, mais vous pouvez aller jusqu’à deux en cas de doute. Si vous faites du RAW, c’est un gros plus. Ça nous oblige à un peu de travail en postproduction, je suis d’accord, mais ça participe à la bonne qualité finale de vos photographies.

Je recommande d’utiliser le mode priorité diaphragme, utilisez une ouverture pas trop fermée, car on n’a pas de problématique de profondeur de champ, aux alentours de F/5,6 ça fera l’affaire et si on sous-expose, il faut faire attention à la vitesse proposée par l’appareil photo. La sensibilité ISO sera au minimum pour plus de qualité. En mode priorité diaphragme, utilisez l’outil de modification ou de compensation de l’exposition, si vous ne voyez pas comment ça marche, reportez-vous sur la notice de votre appareil et si vous ne l’avez pas, faites une recherche sur internet.

Si vous voulez travailler en mode manuel, reprenez les réglages proposés par le mode priorité diaphragme et reportez les en mode manuel. Vous pouvez sous-exposer en accélérant la vitesse d’un ou deux Stops.

On en reparle à la fin de l’article pour la postproduction et le bon rendu des images après la prise de vue sous-exposée.

Comment photographier des nuages et un paysage de coucher de soleil en bord de mer

Comment photographier des nuages et un paysage de coucher de soleil en bord de mer

4-Jouez avec le cadrage de vos nuages

Pour avoir le meilleur résultat dans vos photographies de nuages, vous ne devez pas seulement lever l’appareil photo vers le ciel et clic clac merci Kodak. Il est important, dans ce cas de figure de bien travailler la composition, car on a un peu de temps et oui, les nuages ne vont pas s’enfuir comme peuvent le faire un lièvre ou une mésange. 

Il faut déjà observer à l’œil nu le nuage à photographier, se poser la question du cadrage en fonction de sa forme, s’il est en long, je cadre en paysage, si c’est un cumulonimbus, en hauteur, je peux cadrer verticalement pour en avoir un maximum.

Est-ce que j’ai une partie de ces nuages qui seraient intéressants d’isoler en photo, à cause de sa forme, de sa couleur ou du contraste ?

S’il y a une dynamique créée par le vent, comment puis-je en profiter dans mon cadre pour la mettre en valeur ?

La composition d’une photo est un sujet qui peut être complexe pour peu qu’on se prenne la tête sur pour ou contre les règles et tout ça !

Si vous débutez, commencez par la règle des tiers, verticalement ou horizontalement et bien sûr, laissez libre cours à votre imagination, les nuages sont l’endroit rêvé pour ça…

Si vous perdez du temps en essayant à tout prix de respecter les règles, sans y parvenir, laissez tomber et allez-y à l’instinct, c’est bien souvent là où on est le meilleur.

Vous pouvez jouer avec le contraste entre le nuage et le ciel, jouer avec une parité, un équilibre dans le remplissage de votre cadre et vous avez aussi le choix de faire l’inverse.

N’hésitez pas à faire plusieurs versions pour être sûr de ne rien rater, vous ferez votre choix par la suite, devant l’ordinateur, à tête reposée, les choses seront plus claires.

5-Problèmes d’autofocus

Si vous avez un ciel avec une allure assez homogène, il n’est pas rare d’avoir l’autofocus de notre appareil photo qui rencontre des difficultés pour faire la mise au point. L’appareil photo a besoin de contraste pour parvenir à faire la netteté et bien souvent, sur un nuage, on pointe sur une partie blanche ou grise, uniforme, ce qui le fait galérer. En effet, l’appareil peut passer pas mal de temps à chercher, vous le voyez aller et venir sans arrêt sans arrêter un point fixe.

Pour commencer, il faut préférer un autofocus fixe et à un AF continu, c’est à dire qu’une fois que vous avez fait le point, il verrouille la distance de netteté et il n’en bouge plus alors qu’avec un AF continu, il va chercher en permanence et ça va perturber la bonne qualité de votre mise au point.

Il est préférable également de sélectionner une zone d’AF avec un collimateur unique, car plus la zone sera petite et plus facile et précise sera la mise au point pour votre appareil.

Pointez votre collimateur sur une zone de contraste, avec une zone claire et une zone sombre ensemble, comme quand un nuage clair passe devant un nuage sombre, profitez de ça pour faire votre mise au point.

Une fois la mise au point effectuée, gardez la pression sur le déclencheur, composez votre photographie et faite la photo. Pour plus de confort, une fois la mise au point effectuée, vous pouvez couper l’AF et passer en Manuel pour la mise au point comme ça elle ne changera pas et vous pourrez faire toutes vos photos tranquillement sans vous soucier de la mise au point. Il faudra quand même y jeter un œil de temps en temps pour voir s’il n’y a pas de souci. Attention de mettre à nouveau l’autofocus après la séance photo pour vous éviter de mauvaises surprises ensuite.

6-c’est le moment de sortir le filtre ND pour la pose longue

Maintenant que vous êtes un chasseur photo de nuages, vous serez peut-être tant de mettre du mouvement dans vos créations, c’est l’occasion de pratiquer ce qu’on appelle la pose longue à l’aide d’un filtre ND. L’utilisation de cette méthode photographique de la pose longue vous permettra de faire des images avec de beaux filés de nuages, ça mettra de la dynamique à vos images.

Pour commencer, vous allez avoir besoin d’un peu de matériel, en tout premier, un trépied est obligatoire pour une stabilité optimale. Il est important d’en choisir un de qualité et assez robuste, car il ne faut pas qu’il bouge, même pas dans le vent. Pour plus de stabilité, évitez de monter votre appareil à l’aide de la colonne, laissez-la en bas. Il vous faudra un ou plusieurs filtres ND, un ND8 qui vous assombrira de 3 Stops et vous permettra un temps de pose de plusieurs secondes en plein jour, en fonction des conditions de lumière. Un filtre ND 400 (9 Stops) ou ND 1000 (10 Stops) qui vous permettront de poser plus d’une minute si le vent est calme. Un déclencheur souple sera également un accessoire fort utile pour éviter de toucher l’appareil au moment de déclencher.

Si vous posez quelques secondes, le mode priorité diaphragme fera l’affaire, jusqu’à 30 secondes. ISO 100 et un diaphragme en fonction de la profondeur de champ souhaité. Si vous avez un premier plan proche de vous, utilisez un diaphragme à F/11 et faites la mise au point sur votre premier plan ou sur le premier tiers en partant du bas de votre cadre d’image. Faites la mise au point, ensuite mettez l’AF en Manuel et placez le filtre devant votre objectif et voyez ce que donne l’appareil comme temps de pose. Si c’est moins de 30 secondes, allez-y.

Si vous faites une pose de plus de 30 secondes, utilisez le mode Bulb, gardez la même procédure que pour le mode priorité diaphragme sauf que vous devrez faire vous-même le temps de pose, utilisez un déclencheur souple et il existe des applications de calcule de temps en fonction de vos réglages et du filtre utilisé.

Pose longue avec un filtre ND 1000 pour photographier la course des nuages.

Pose longue avec un filtre ND 1000 pour photographier la course des nuages.

7-Immortaliser les nuages d’orage

Il n’y a pas que le lever ou le coucher du soleil qui sont des périodes propices à de belles photos, il y a les moments où la météo est agitée, quand les nuages sont chargés, quand il y a de l’électricité dans l’air. En effet, quand le temps est à l’orage par exemple, on est face à ce qu’on appelle un cumulonimbus, une grande colonne nuageuse qui peut monter jusqu’à plus de 10 km d’altitude. Ces masses nuageuses offrent bien souvent des formes et des couleurs très différentes, souvent très sombres à la base et allant jusqu’au blanc neige au sommet et parfois orangé ou rosé si c’est en toute fin ou début de journée.

On peut aussi essayer de photographier les orages, avec leurs chapelets de zébrures de foudre. Les personnes vivant en bord de mer peuvent avoir des spectacles dantesques sur l’océan. Les personnes vivant à la montagne auront également de très beaux terrains de jeux pour suivre et capter les nuages en colère. Attention de rester prudent, car l’orage est beau, mais il peut être aussi très dangereux alors, prudence. Pour ma part, je vous donne brièvement ma technique, je vais me positionner là où l’orage doit venir, je mets en place mon appareil photo sur un trépied, il a été au préalable emballé dans une poche plastique maintenue par un élastique autour du pare-soleil. J’ai placé mon boîtier dans une poche plastique dont l’ouverture vient se refermer sur le pare-soleil, au bout de l’objectif, je mets un élastique pour faire tenir l’ensemble et je replis sous l’élastique ce qui dépasse éventuellement de la poche. J’ai fait un trou à la poche pour visser l’appareil sur la rotule du trépied. Sur mon SONY A7 III, j’ai un boîtier (Trigger Miops) qui me permet de piloter mon boîtier de façon distante, depuis ma voiture, à l’abri de la foudre ou de la pluie. Il existe des boîtiers qui permettent de synchroniser le déclenchement des photos avec le flash de l’éclair de la foudre, c’est assez cher, mais très efficace, j’en ai eu un qui m’a permis de faire des photos de paintball, mais hélas, il a rendu l’âme avant que je puisse faire des photos d’orage. Il se déclenche, soit au son (pour le paintball) soit à la lumière comme pour l’orage et c’est très efficace. Il en existe un nouveau, moins cher le Pluto, mais je ne le connais pas.

8-Comment traiter vos photos sur l’ordinateur ensuite

Si vous faites vos photos au format RAW, ce que je vous conseille de faire, vous pourrez travailler vos images sur votre ordinateur pour parfaire le rendu et être plus proche de la réalité, surtout si vous avez sous-exposé vos photos comme expliqué dans le premier paragraphe. 

Au passage, si vous faites vos photos en JPEG, vous pourrez également le travailler en postproduction, mais vous serez plus limité, sur la balance des blancs par exemple.

Si vous n’avez pas de logiciel de développement RAW, je vous conseille Lightroom qui est assez efficace et accessible.

Une fois devant votre ordinateur, vous allez pouvoir affiner ou corriger la balance des blancs de vos images, éviter qu’elles ne soient trop froides ou trop chaudes par exemple.

Rétablir une bonne exposition si vous avez fait une sous-exposition à la prise de vue pour éviter les zones brûlées de certains nuages. Travailler le contraste pour gagner en nervosité avec la clarté. Mettre un peu de vibrantes dans les couleurs pour que l’ensemble soit plus intense sans excès bien entendu. Il faut, en règle générale, ne pas trop gommer les écarts entre les basses et les hautes lumières, pour que les nuages gardent tout leur caractère et leurs volumes.

La photographie de nuages vous offre une palette infinie, c’est un sujet qui peut se traiter à l’infini, pour qui se passionne de ça évidemment, il faut une âme de poète peut-être… dites-moi ce que vous retirez de cette discipline photographique en commentaire et je vous répondrai avec plaisir.

Bonnes photos

Stéphane